samedi 30 avril 2016
Anne Sophie 10 - La fête des voisins
Je suis allé avec Anne Sophie à la fête des voisins de sa résidence. Normalement on devait faire la fête des voisins chez Marie Émilie et Guy Charles. Ils nous avaient invités parce qu'ils n'ont pas de voisins. Quand Marie Émilie a dit qu'elle préparerait un buffet j'ai dit à Anne Sophie que ce serait plus prudent de faire la fête des voisins avec... nos voisins !
Anne Sophie ne voulait pas trop y aller. Elle m'a dit :
- ça commence tous les ans pareil... très bien. Et ça finit tous les ans pareil... très mal !
C’est monsieur Lefuneste, le président du conseil syndical, qui organise tout. Et pour être bien organisé c’est bien organisé ! Le mec c’est un retraité de l’AFN, l’agence française de normalisation. Quand tu vas chez lui tout est à la norme. C’est tellement à la norme que c’est le seul appartement qui es différent des autres ! Même son chat ses rayures elles sont à la norme. On dirait qu’il l’a peint lui même ! Sur les affiches pour la fête des voisins il était marqué : retrouvez vous entre voisins dans une ambience conviviale et sympathique. Apportez une boisson ou un plat.
Anne Sophie a voulu faire un cake. Une journée de boulot dont la moitié à regarder tous les replays de Top chef. Le résultat a été impressionant. D'abord il y a eu une grosse fumée noire dans la cuisine et quand elle a retiré le cake du four c'était une buche de charbon. Elle s'était trompée dans le thermostat. Je lui ai dit que c'était pas grave et que ça pourrait toujours servir de charbon de bois si ils faisaient un barbecue à la fête des voisins. Et je suis parti acheter une pizza à1,20 euros chez Leader Price !
Monsieur Lefuneste avait rangé des tables et des chaises en plastique dans la cour avec un écartement normalisé entre les tables et les chaises. Il avait préparé 2 groupes de tables séparés par une allée règlementaire.
C’est madame Lariflette qui est arrivée en premier. Elle avait apporté de la soupe de légumes parce qu'elle n'a plus de dents et qu'elle ne mange que ça. Anne Sophie m'a dit que tous les ans madame Lariflette arrivait la première et que sa soupe on ne la mangeait jamais parce qu'elle était froide quand les autres voisins arrivaient. Madame Lariflette elle est comme certains cognacs, elle est hors d’age ! Elle parle toujours du maréchal Pétain et elle l’appelle Philippe.Elle a la maladie d'Alzeimer et elle croit que le maréchal vit dans son appartement.
Après madame Lariflette c’est Gérard qui est arrivé. Il avait apporté du Coca et des hamburgers. C’est un fou des états unis. Il appelle sa femme Maryline alors qu’en vrai elle s’appelle Georgette . Ildit tout le temps qu’il a un pote aux states. L’autre jour je suis passé chez lui et il m’a dit :
- excuse moi il faut que j’appelle Bill, mon pote des States. Il a composé le numéro sur son portable et il a dit : hello Bill, it is Gérard at Paris. est qu’it is fait beau in New York ? i have pas trop de time, i am avec a voisin. yes, at the prochaine, ! il a posé son portable sur la table et il m’a dit : tu peux pas comprendre tu speak pas english ! Sur le portable il y avait marqué « carte SIM verrouillée ".
Après Gerard c’est Lucien et Jacky qui sont arrivés avec des croques monsieur. Anne Sophie m'a dit que c'était de l'humour parce qu'il sont gays !
Ensuite c’est Gilbert qui est arrivé.
Il est aveugle. Anne Sophie m'a dit de faire attention parce qu'il ne sait jamais ce qu’il apporte. Une année il avait fait un cocktail maison et il s’était trompé entre la bouteille de rhum et la bouteille d’eau de javel.
Y’a que Jean Claude qui avait trouvé ça bon. Jean Claude c’est le doyen de l’immeuble, ça fait quarante ans qu’il habite là. Il ne lui reste plus qu’un demi poumon et un morceau de foieparce qu’il fume comme un pompier et boit comme un trou mais n’empèche que son grand plaisir est d’aller à l’enterrement de tous les gens qui disaient qu’il n’irait pas loin comme ça !
Après c’est Charles Édouard et Marie Caroline qui se sont pointés. Tout le monde dit que c’est des bobos mais moi je trouve que Charles édouard il est plutot « boubou « ... bourgeois bourrin !
Marie Caroline avait apporté un plat de cuisine moléculaire. Cétait une espèce de bouillie bizarre. Anne Sophie a dit :
- On voit bien la partie molle mais on cherche la partie culaire ! Il y en a encore d'autres qui sont arrivés mais je ne les connaissais pas.
quand tout le monde à été là, monsieur Lefuneste a installé tous les propriétaires sur la partie droite des tables. C’est la norm de monsieur Lefuneste, rien à voir avec l’assemblée nationale !Après, monsieur Lefuneste a installé les locataires sur la partie gauche des tables.Nous, on était du coté des locataires. Anne Sophie a un prénom de bourgeoise mais elle a un compte en banque de prolétaire ! Donc on avait les propriétaires à droite et les locataires à gauche et au milieu une allée.
Et là, la tragédie ppouvait commencer. unité de temps, de lieu et d’action ! Racine ou Corneille seraient venus à notre fête des voisins ils en auraient fait un chef d’oeuvre !
Au début ça s'est plutot bienpassé , on a bu le kir royal au mousseux tiède de monsieur Lefuneste qui était facturé sur les charges collectives, On a mangé et on a bu des trucs bizarres, enfin surtout du coté des locataires parce que chacun avait apporté un plat de son pays. Monsieur Lefuneste, il bougeait pas du coté des propriétaires, il est plutot « made in france « ! La tragédie adémarré quand madame Lariflette au bout du troisième verre de mousseux a commencé à chanter « maréchal nous voila « ! forcément ça plait pas à tout le monde ! alors les locataires ont commencé à chanter l’internationale. monsieur Lefuneste a tapé dans ses mains pour demander le silence. Madame Lariflette a dit qu’elle n'allait pas arrêter son hommage au maréchal pour laisser des étrangers communistes chanter des chansons bolchéviques. Et là les premiers tirs ont commencé : nous on balançait de la semoule de couscous sur les propriétaires et eux ils ripostaient avec la bouillie moléculaire de Marie Caroline dont ils étaient contents de se débarasser !A ce moment là Monsieur Lefuneste a servi une tournée de mousseux gratuite pour calmer les esprits. C’étaient les bouteilles gratuites qu’il avait réussi à gratter sur le contrat de réparation des ascenseurs ! La paix a duré un petit instant mais on sentait que ça couvait. Quand la deuxième tournée de mousseux tiède à commencé à faire de l'effet, un locataire à commencé à attaquer Lucien et Jacky. Ils l'ont traité d'homophobe mais le locataire a répondu que ce n'étaient pas les homos qui l'embètaient mais les chansons de Dalida qu'ils passaient à 4 heures du matin !
Gerard qui ne supporte pas le mousseux parce que d'habitude il ne boit que du Coca, a sorti un truc en américain style « fuck Dalida, God save Elvis Presley " !Charles Edouard lui a dit qu’il oubliait la solidarité entre propriétaires et Gérard lui a répondu par une autre insulte en anglais : shut your gueule ! Après, il a vomi tout son kir au mousseux tiède !
Pendant que les propriétaires s’engueulaient entre eux ça s’est envenimé parce que nous les locataires on avait commencé à attaquer les boissons fortes. Les antillais et les réunionnaisavaient amené du rhum arrangé, et le rhum arrangé ça dérange. Pendant j'ai cru qu'Anne Sophie me parlait en créole mais je me suis rencu compte qu'elle n'arrivait plus à parler normalement !
Et puis là on a attaqué les problèmes qui fachent : les histoires de coucheries dans l'immeuble. Le chien d’un locataire avait fait des petits à la chienne d’un propriétaire: le petit chien noir d’origine indéterminée de monsieur Boubakar, celui qui habite dans l'ancien local à vélo avec sa femme et ses 8 enfants, a niqué la chienne berger blanc des Alpes de Charles édouard, qui habite avec sa femme et son chien dans un appartement de 120 m2! T’imagine le bazar : un mélange de roméo et juliette et de la belle et le clochard. Gérard il a dit que c’était une hot dog story
Charles édouard il préfère qu’on touche à sa femme plutot qu’à sa chienne ! il a dit à monsieur Boubakar qu’il pourrait surveiller son chien. Monsieur Boubakar a répondu que son chien il était monogame et fidèle pas comme la femme à Charles édouard ça a dégénéré : les propriètaires ont pris la défense de Charles Édouard et les locataires celle de monsieur Boubakar, sauf Anne Sophie qui chantait une chanson de la compagnie créole, debout sur une chaise avec une bouteille de rhum à la main. Les chaises ont commencé à voler et ça a tourné à la troisième guerre mondiale. Je crois que je n’avais jamais vu une fête des voisins avec une ambiance pareille !
Quand on a eu fini de parler des histoires de cul canines, monsieur Lefuneste était fou parce que toutes les chaises et les tables étaient bousculées et alors c’était plus dans la norme! Ou alors il aurait du consulter les normes européennes en matière de tas parce qu’il y avait juste un grand tas de tables et de chaises avec au milieu Madame Lariflette qui appelait le maréchal Pétain avec son portable pour qu’il vienne mettre un peu d’ordre.
A la fin chacun est rentré chez soi. Je suis parti coucher Anne Sophie qui avait attaqué le répertoire de Kassav et j’ai donné un coup de main à José, le mari de la gardienne portugaise de l’immeuble, pour réparer les dégats et il m’a dit en lisant une des affiches de la fête des voisins :
- tu sais moi je suis portugais et je comprends pas toutes les subtilités de la langue française alors est ce que tu peux m’expliquer ce que c’est une ambiance conviviale et sympathique...
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